Amis sceptiques, scientifiques autoproclamés, médiums, complotistes et illuminés, aujourd’hui nous n’allons pas répondre à la question qui pourtant se trouve être le titre de cet article. En effet je ne souhaite pas m’attarder sur une démonstration scientifique, mais j’aimerais réfléchir et probablement divaguer sur le sujet de la science et je trouve que cette question est un merveilleux tremplin pour y parvenir.
C’est quoi la science ?
Ce gros mot bien qu’ayant été trop de fois définit, est un fourre-tout bien commode servant trop souvent d’argument fatidique pour étayer son point de vue. En effet pour l’être Humain moyen du 21ᵉ siècle qui a suivi un parcours scolaire, la science c’est des choses compliquées que d’autres personnes ont établies comme étant vraie et qu’on nous prie de bien vouloir croire. D’ailleurs on lit souvent « des scientifiques ont découvert que bla bla bla » souvent illustré par un type portant une blouse blanche, des lunettes de sécurité et des stylos dans les poches, ce qui est immédiatement interprété par « bla bla bla est vrai ».
Alors petit aparté (ça commence déjà) sur la vérité, car il s’agit d’un concept bien plus complexe que la science elle même même si les deux sont si souvent associés. Comme je n’ai jamais vraiment étudié la philosophie et que ce n’est pas l’objectif de mon propos aujourd’hui je vous laisserai faire vos recherches sur la vérité par vous même, on considèrera par simplicité qu’il s’agit de quelque chose qui est systématiquement et objectivement vrai et valide, de telle sorte que l’univers tout entiers soit d’accord avec nous et reproduise nos observations lorsque l’on dit que quelque chose est vrai. C’est une définition un peu simple mais bien pratique qui nous suffira je l’espère !
Alors retour au paragraphe précédent, la science est, dans l’esprit populaire, une source de vérité et par conséquent une source d’information. Mais le fait qu’elle soit présentée et interprétée comme la vérité amène justement des individus à remettre cette doxa en question et à refuser en bloc toute affirmation présentée comme scientifique car elle serait fausse et par conséquent un mensonge délibéré qui bien souvent est accompagné de sinistres desseins.
C’est là que nous accrochons le wagon de notre controverse, la science nous dit que la terre est ronde, mais tout individu doté d’un sens de l’observation peut voir de ses propres yeux qu’en fait non, elle est plate. C’est bien là tout le problème, quand la science nous dit que l’atmosphère terrestre est respirable pour l’être humain, on trouvera peu de personnes capables de soutenir le contraire (et je vous invite à commenter si c’est votre cas), mais une affirmation allant autant à l’encontre de notre perception quotidienne de la réalité semble contrintuitive et de fait inacceptable pour certains.
Et pourtant, elle tourne
Car en effet la démonstration et l’observation de l’aspect sphérique de notre maison a été faite maintes et maintes fois, par de nombreuses personnes de tous bords et ce depuis des siècles. Seulement cette démonstration et encore plus cette observation nécessite de grands moyens, inaccessibles ou trop coûteux (intellectuellement comme financièrement) au commun des mortels. En effet, pour démontrer que la terre est ronde, par exemple en utilisant la preuve de la gravité nécessite de connaître et de pouvoir démontrer lesdites lois de la gravité, elles-mêmes nécessitant de grandes connaissances mathématiques, physiques et expérimentales. Par conséquent il est bien difficile de se faire à soi-même et tout seul cette démonstration. D’où le problème, on peut facilement se mettre au bord de la mer et observer à l’œil nu que la mer est plate.
Pourtant, la science nous dit et nous montre même que la terre est ronde, on a tout un tas d’images, de vidéos, et pas que de la terre. En effet pour que la terre sphérique fonctionne elle implique que globalement toute la cosmologie soit vraie, alors dès que l’on remet en cause cette affirmation c’est un immense pan de la physique, voire toute la physique que l’on remet en question et on commence à toucher du doigt le problème. Car la science et plus encore les mathématiques sont un langage pour écrire autre chose que des mots, il appartient à chacun de l’apprendre et de le parler à sa guise. Et comme une affirmation en science physique est obligatoirement étayée d’un protocole expérimental accompagné d’une bonne vieille expérience scientifique afin d’obtenir le label “Science AOP”, il appartient à chacun de reproduire et de vérifier les résultats trouvés ce qui en fournit une preuve.
Par conséquent, remettre en question la terre sphérique est non seulement une accusation de mensonge des institutions spatiales et autres gouvernements mais également toute personne ayant déjà fait et vérifié une expérience de science physique, et soudainement ca fait beaucoup de monde. Imaginer qu’un tel mensonge, aussi complexe, aussi élaboré, aussi fragile puisse être tenu par des millions de personnes qui pour la plupart n’en ont rien à retirer et ce depuis des décennies est tout simplement risible.
Théorie du complet
C’est pourtant ce qu’affirment nos amis les platistes qui réagissent à la manière d’une secte à la contradiction et globalement au débat. En clair, tous ceux qui ne pensent pas comme eux sont manipulés, et ceux qui s’en défendent sont manipulateurs. En d’autres termes, si on croit en la science on est au mieux aveuglé et au pire stupide, si on la pratique on est un instrument de l’asservissement de la population. Mais tout de même, ce point du vue radical me semble particulièrement surprenant au sujet d’une pratique qui par sa nature même se veut objective et vérifiable. En effet. ce ne sont pas tant les résultats qui sont remis en question dans ce cas précis, mais bien la méthodologie. Du fait de la complexité d’obtenir une preuve tangible pour les problèmes les plus complexes, on estime que cette complexité est un instrument d’aveuglement pour embrouiller la population, à la manière d’un politique qui pratiquerait la langue de bois pour ne pas répondre aux questions tout en faisant croire qu’il l’eut fait.
Mais alors si un stratagème aussi élaboré est mis en place on est en droit de se demander pourquoi, il y a sûrement un motif pour garder aussi fermement un tel secret au monde entier de telle sorte que tous ceux qui le découvrent s’empressent de faire de même. Si l’on demande à nos amis partisans de l’assiette non creuse, on trouvera alors bon nombre de théories plus ou moins farfelues, souvent en lien avec la religion, ou bien la croyance qu’il y a « de la terre en plus au delà de l’Antarctique » que l’on nous cache. Mais le jeune scientifique qui sommeille toujours en moi ne peut pas s’empêcher de jouer au gamin infernal et de réitérer ma question : pourquoi ? Dans le cas de la terre en plus on tombe rapidement dans la pirouette linguistique ou dans la plus pure fantaisie, comme notamment le fait qu’il y ait des ressources naturelles en plus dont on prive l’humanité. Mais vous me voyez déjà venir pour la suite… pourquoi ça ?
Au plus on questionne, au plus on est dans le flou, le fait est que l’on invente au fur et à mesure. Souvent, si l’on pousse un peu trop loin, on admettra qu’en fait on n’en sais rien mais que cela reste à découvrir ce qui est étonnamment scientifique comme approche. Le problème est qu’il eut fallu l’avoir bien plus tôt, car jusque-là, aucune des affirmations jusqu’alors faites pour amener à cet aveu n’est fondée sur une preuve quelconque ou une expérience rigoureuse. On a donc une théorie inventée au fur et à mesure qui n’est fondée sur rien d’autre que des présomptions de mensonges des autres expériences qui elles sont pourtant validées.
Inversion obscurantiste
On est dans un pur délire conspirationniste. Les plus jeunes adeptes de la théorie nous indiquerons qu’en fait leur esprit est juste ouvert et qu’ils ne croient pas à une version ou l’autre faute de preuves, enfin plutôt de volonté et parfois de capacité de recherche et de compréhension. Ils nous disent que la vérité se trouve sûrement ailleurs que dans l’un ou l’autre ( ce qui dans le cas de la terre plate est assez cocasse ) et qu’en fin de compte ça n’a pas vraiment d’importance. C’est bien vrai que la rotondité de la terre a une priorité toute relative dans la vie de tous les jours, du moment que le soleil se lève alors on n’a pas réellement à savoir comment.
L’importance du sujet n’en a, elle, pas beaucoup ; c’est le raisonnement qui en a. Car en effet dans la “science” c’est bien la façon d’arriver au résultat qui est importante bien plus que le résultat lui-même, c’est pour cela qu’apprendre les maths est toujours utile même si l’on a des calculatrices. Croire en la terre plate c’est bien plus que nier la rotondité de la terre, c’est toute une théorie du complot digne de ce nom qui accuse ouvertement une bonne partie de l’humanité de mentir, le plus souvent dans des intentions malveillantes. Alors je passe sur les impulsions accusatoires des aigris du quotidien qui trouvent là une partie de l’explication à leur malheur, autant omniprésente qu’inattaquable ce qui leur permet d’éviter de se remettre en question via un scientifiquement prouvé “coup de pied au cul”. En effet, accuser le monde entier de faire en sorte qu’on soit malheureux est certes culotté, mais bien pratique pour justifier son attitude, son ignorance, ou plus globalement pour renforcer l’individualisme et le culte de l’individu.
Non, le véritable problème c’est que la pratique scientifique est censé être un outil d’émancipation par le savoir ; comprendre le monde autour de soi permet de le maitriser. Pratiquer la physique ou l’astronomie permet de ne pas croire à un dogme infondé qui, lui, à dessein d’asservir la population à grands coups de “ta gueule c’est magique”. Connaitre cela, tout comme la littérature ou les maths permet aussi de ne pas se faire manipuler lorsqu’on vous vend un objet “miraculeux”, aux pouvoirs inimaginables, et seulement pour 1500 euros. Bref c’est justement ce qui permet de cultiver l’indépendance d’esprit et la raison, qui sont de plus en absent de notre société.
La science n’est jamais complète
Pourtant, la science dans sa toute-puissance n’est pas pour autant une source systématique de vérité. C’est d’ailleurs de là que provient le risque de décrochage car comme je l’ai dit plus haut, la science n’est qu’un langage, une manière de lire ou d’interpréter la réalité, mais comme une analyse politique, elle peut être biaisée, incomplète voire franchement fausse. Prenons par exemple (parce qu’on reste dans le thème quand même) Newton et sa théorie de la gravité. Considéré comme le père de la science moderne, cet illustre monsieur a permis de décrire la gravité d’une manière jamais envisageable auparavant, et grâce à son protocole expérimental et son approche scientifique, a pu en faire la preuve maintes et maintes fois. Sa théorie, bien plus qu’une simple supposition, était vérifiable et vérifiée sans cesse, des canonniers balistiques aux astronomes en passant par les architectes et les ingénieurs.
F=G\frac{M_A M_B}{d^2}
Pourtant, alors que cela était impensable, elle fut démontrée comme étant fausse, ou en tout cas imprécise par un jeune homme nommé Albert Einstein. La théorie de la gravité d’Einstein était bien plus complète que celle de Newton et les nouveaux calculs ont pu démontrer que l’ancienne théorie était donc incorrecte. Pourtant cette dernière est toujours enseignée dans nos écoles de nos jours tandis que celle d’Albert ne l’est pas. La raison étant dans ce cas la complexité, la théorie de Newton, bien qu’incomplète, est bien plus digeste et facile à comprendre et à appliquer que celle d’Einstein. De plus, la théorie de newton fonctionne très bien pour des objets de masse et de taille raisonnable, j’entend par là ce que l’on peut trouver sur terre. En effet l’imprécision se décèle par exemple lorsque l’on essaye de calculer l’orbite de la planète Mercure autour du Soleil, ce qui fait que la plupart du temps elle est amplement suffisante. Ce type d’évolution s’appelle un changement de paradigme. Alors que les possibilités d’observation et d’expérimentation de la science ne font qu’augmenter, on découvre de nouvelles choses à décrire avec son langage, par conséquent les anciens “textes” ne sont plus valides.
{{R_{\mu \nu} \ - \ \frac{1}{2} \, g_{\mu \nu} \, R \ + \ \Lambda \ g_{\mu \nu} \ = \kappa T_{\mu \nu}}}
Les formules scientifiques devenant de plus en plus complexes et parfois indigestes (voir la mécanique quantique) ne sont par conséquent plus accessibles au commun des mortels, il de vient donc nécessaire d’avoir des vulgarisateurs qui auront pour tâche de comprendre les formules scientifiques, puis proposer une interprétation de ces formules. Cependant cette tache est extrêmement dangereuse, car tout comme un journaliste qui peut atténuer ou amplifier des évènements par son simple récit, le vulgarisateur peut avoir une vision biaisée de ce qu’il raconte, ou pire, tordre les faits pour y trouver ce qu’il y cherche. Par conséquent un esprit critique est plus que nécessaire pour comprendre la science, mais son interprétation aussi.
Ne croyez pas en la science, pratiquez la !
i\hbar\frac{\partial\Psi(t,\vec{r})}{\partial t}=-\frac{\hbar^{2}}{2m}\Delta\Psi(t,\vec{r})+V(t,\vec{r})\Psi(t,\vec{r})